Titre : Babybox
Scénariste – Dessinateur – Coloriste : Jung
Éditeur : Soleil
Collection : Noctambule
Parution : Octobre 2018
Prix : 19,99€
Arrivée à l’âge où se fait le désir d’avoir un enfant, Claire pense avoir atteint un équilibre dans sa vie. Fille d’un couple de restaurateurs coréens, grande sœur d’un petit Julien fan du film Braveheart, pourtant loin de sa culture, la jeune femme n’a que ses cheveux rouges comme signe de révolte ou de quête d’identité personnelle. Mais le jour où un accident emporte sa mère et laisse son père dans le coma, Claire découvre par accident un document qui la bouleverse : celui de son adoption. Brisée par ce secret, elle choisit de partir en Corée avec Julien, sur les traces de sa naissance et de son abandon. Elle y découvre un pasteur américain resté sur place après la guerre et sa « babybox », une boîte dans un mur où peuvent être confiés les bébés…
« C’était donc ça, ton secret… Crois-tu que je t’en aurais voulu? Penses-tu que je t’aurais moins aimée? Tu m’as laissé une boîte de pandore, maman. Je me sens triste, trahie, en colère contre toi. »
Après le succès mérité de son autobiographie Couleur de peau: miel, puis Le Voyage de Phoenix, Jung poursuit son étude très personnelle de l’abandon et de la Corée, nourrissant son oeuvre d’une nouvelle pierre aussi émouvante que lumineuse. Très attaché à ces sujets qui traitent de l’intime, il sait toucher les sentiments sans excès de pathos ni mièvrerie. La quête de son héroïne prend son origine dans sa découverte de l’existence des babybox, pas limitée à la seule Corée, et lien qu’il crée avec l’abandon et l’adoption. Si la mélancolie et la tristesse ne sont pas absentes du récit, l’espoir est permanent et les liens entre les personnages compensent constamment la noirceur potentielle du sujet. Graphiquement, le noir et blanc est une fois de plus approprié, mais les touches de rouge – des cheveux de Claire aux coquelicots de ses souvenirs d’enfance, en passant par le kilt de Julien – amènent un vrai plus à cet album.
Loin d’être une autre variation sur un même thème, Babybox développe adroitement un sujet délicat.
Arnaud Gueury
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