Titre : Andersen – Les Ombres d’un conteur
Scénariste – Dessinatrice – Coloriste : Nathalie Ferlut
Coloriste : Thierry Leprévost
Éditeur : Casterman
Parution : Août 2016
Prix : 20€
L’intrépide soldat de plomb entreprend de vous raconter l’histoire d’un poète, son poète : Hans Christian Andersen. Au passage, il chipe quelques allumettes à la petite fille et commence son récit à Odersen où se marient un modeste cordonnier et une blanchisseuse. De cette union nait l’auteur que tout le monde connait essentiellement pour ses contes, mais pas que ! Il en existe plus de cent cinquante au total. C’est donc dans cette petite ville danoise et dans un milieu assez pauvre que le jeune garçon va vivre durant quatorze ans avant de quitter sa mère afin de devenir… chanteur. Comme son père jadis, il part du foyer pour attraper la fortune et revenir tout cousu d’or mais de manière différente. Souvent méprisé et moqué, qui aurait pu croire que le vilain petit canard se transformerait un jour en cygne. Et pourtant, à force de courage et de qualités morales, il devient quelqu’un de reconnu pour ses romans, poèmes, pièces de théâtre et autres contes. Mais aussi pour ses excentricités. En effet, l’homme est geignard, égocentrique, hypocondriaque et sa personnalité possède de nombreuses zones d’ombre. Mais en prenant du recul, l’existence d’Andersen est en soi un conte prenant place dans la vraie vie.
Pour être la plus pertinente possible, Nathalie Ferlut (Ève sur la balançoire) a choisi de raconter Andersen sous la forme d’un conte. Une approche qui est on ne peut plus raccord avec la vie du romancier, dramaturge, conteur et poète danois qui s’y apparente véritablement. Parti de rien, il est devenu un artiste reconnu – dans un premier temps avec son roman L’Improvisateur – et dont la renommée s’est faite internationale au fur et à mesure de la parution de ses contes. Pour accentuer le côté féerique de son album, la scénariste fait judicieusement intervenir au fil du récit, de fait découpé en plusieurs chapitres, un certain nombre de personnages créés par Andersen. Le narrateur n’est autre que le célèbre soldat de plomb. Tout comme prennent part à certaines discussions imaginaires la bergère et le ramoneur, le rossignol ou encore la petite fille aux allumettes. Même la petite sirène apparaît ! L’auteure les a voulus faisant partie intégrante de l’histoire en tant que conscience de l’homme. De même qu’elle a intégré dans les décors et les cases, les découpages en papier – à la symbolique très forte – qu’il aimait tant réaliser. Le travail de Nathalie Ferlut est des plus méticuleux car même les parts d’ombre du créateur sont évoquées et mises à jour. D’ailleurs, ses contes, toujours très humains, en révèlent bien plus sur sa personnalité que ses autobiographies. Le style graphique utilisé, souvent réaliste, tantôt abstrait, est parfaitement en accord avec les propos et superbement mis en lumière par les couleurs apposées par l’auteure elle-même et Thierry Leprévost (Monster Club).
Une approche très originale qui permet de mieux connaitre un auteur à la fois étrange, intéressant et sympathique. Une très belle surprise !
Stéphane Girardot
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